Le cinoche à Lolo

Le cinoche à Lolo

DRIVE

http://www.youtube.com/watch?v=jpcVMeP623Y

 

Pur plaisir de cinéphile

 

  Ce n'est pas tousles jours qu'un film de genre revient avec un prix de Cannes. Mais là, il est mérité. Il aurait même pu repartir avec autre chose que le prix de la mise en scène.

 

1°) Un film aux multiples références cinéphiles

 

  Il y a plusieurs moyens d'appréhender un film de genre (ici, le film noir). On peut , par exemple, verser dans la parodie. 

  Ici, Nicolas Winding Refn s'est approprié l'histoire est y a glissé ses sources d'inspiration.

De par le sujet, on est proche du chef d'oeuvre de John Boorman, Le Point de non Retour: un homme seul et déterminé face à une organisation mafieuse.

  Le film noir est évidemment basé sur LA femme, celle qui fait basculer le récit. Ici, le héros est piégé pour avoir voulu l'aider.

  Alors, évidemment sont conviés à la fête des images et des illustrateurs du film noir: Michael Mann, auquel sont empruntés les éclairages urbains se reflétant sur les tours d'acier et de verre, Melville, pour cette description qui ne tient qu'à lui du héros mutique et tourmenté, Tarantino et Scorsese pour les brusques déchaînements de violence dans des temps apparemment faibles du récit, clin d'oeil au début d'Irréversible de Gaspard Noé dans la belle scène de l'ascenceur.

  On y trouve également l'emprunt aux Pulps, ces récits sur fond policier dans des revues bon marché, mais également aux contes de fées, avec toute leur symbolique (le preux chevalier, la belle dame innocente, le roi et le dragon). D'ailleurs, le héros se ballade avec un blouson blanc (symbole de sa purété), mais avec un scorpion dans le dos, symbole de mort. Sa belle tenue immaculée se rougit au fur et à mesure du sang des méchants.

  Une dernière inspiration est le mythe du super-héros. Son blouson blanc est sa tenue, et lorsqu'il la vêt, il faut bien reconnaître que nous n'avons pas souvent peur pour lui.

 

http://www.youtube.com/watch?v=-DSVDcw6iW8

 

2°) Une technique à toute épreuve

 

  Le héros du film (magnifiquement incarné par Ryan Gosling, jusque là plutôt habitué à des panouilles) nous apparaît puissant et décalé. Ce sentiment nous vient de son quasi mutisme tout au long du film, nous parlant plus avec son corps qu'avec des mots. Humain, porteur d'une forte mélancolie, il est néanmoins capable d'éclairs de violence, car il vit dans deux univers distincts: l'amour et la violence, l'une découlant de l'autre. Malgré toutes les péripéties du récit, le plus important reste le personnage, et sa quête.

  Le film commence avec une très belle scène de poursuite, loin de Fast and Furious, mais remarquablement menée, où l'on peut voir la technique du héros, et sa capacité à s'adapter à l'environnement et aux circonstances.

  Tout au long du film, pour rester au plus prêt du driver, il y a très peu de plans extérieurs du véhicule. Cependant, il y a très peu de gros plans des personnages, le réalisateur utilisant plutôt les courtes focales, permettant une certaine profondeur de champ.

  Enfin, on ne peut pas rester sans parler de la magnifique B.O électro pop, accentuant le leurre de la simplicité de ce récit (déjà amorcée par un générique tout en lettres roses et arrondies).

  En résumé, un vrai chef d'oeuvre, pour lequel Ryan Gosling aurait au moins mérité une nomination à l'oscar. Mais, bon, pas assez artiste peut-être...

 

 Pour cet article, je me suis appuyé sur l'article et l'entretien consacrés à Drive paru dans Positif 



19/03/2012
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